La double vie des enseignants

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Le 3 janvier 2012 par Jean-François Dortier

Au journal de 20 heures de France 2, lundi soir : un reportage sur les enseignants qui veulent changer de métier a retenu mon attention.

En ouverture, on rencontre une jeune professeure agrégée de biologie de 29 ans, Nicole Ferroni qui a franchi le pas. Elle s’est lancée dans la carrière périlleuse : comédienne humoriste. Jusque là, elle pratiquait le théâtre en amateurs. Désormais, la voilà intermittente du spectacle. Finie la sécurité de l’emploi, finies les vacances scolaires. Bonjour le rêve éveillé et les risques associés. « Ici, au moins public qui vient, est consentent. Ce qui n’est pas forcément le cas des élèves… » déclare Nicole.

Son départ de l’éducation nationale est motivé par son incapacité à affronter les classes difficiles à Marseille où elle a enseigné. « On se trouve confronté à de la violence et de l’agressivité » déclare Nicole. « Si le métier d’enseignant, c’est gérer des conflits, faire la discipline, motiver les élèves, assumer des situations sociales difficile, honnêtement, je ne sais pas faire ». Ce n’est pas la mission à laquelle elle se sent préparée : « A mon concours d’agrégation, j’ai planché sur « histoire et géologie des Pyrénées » ; on m’a demandé aussi de traiter un sujet sur les anticorps. Mais faire la discipline, ça, je ne sais pas ».

Selon le Livre vert sur l’évolution du métier d’enseignant, 46% des enseignants du primaire et 39% du secondaire songent à quitter leur métier. Mais seule une toute petite partie de la profession à se lancer.

rêves de profs :  artiste, créateur, éditeur, écrivain…

Le cas de Nicole est à la fois révélateur d’une crise de motivation des enseignants, mais aussi du conflit des rêves et projets personnels qui tourmentent de nombreux adultes, tiraillés entre leur métier et leur rêves secrets. Je suis allé jeté un oeil sur la biographie de Nicole Ferroni).  On voit bien clairement comment se sont développés en parallèle ses deux projets : celui de professeur de biologie (pour réussir l’agrégation, il faut suivre une carrière d’étudiant modèle) et son rêve d’artiste (d’abord une montée sur les planches en amateur, puis en 2009, suite aux premiers succès, la décision de prendre un conger de mi-temps pour préparer son one-woman-show; ensuite le lancement de sa carrière professionnelle et son départ définitif de l’Education nationale en 2011). Voilà une belle illustration des doubles-vies et des conflits des motivations que j’ai tenté de décrire « Quand je serais  grand ». (article à paraître dans le prochain numéro de Sciences Humaines : Inventer sa vie du 15 janvier)

Le reportage raconte ensuite le cas d’une enseignante de 33 ans, institutrice en classe maternelle qui passe une grande partie de ses loisirs à créer des bijoux. Son rêve : devenir auto-entrepreneuse et les vendre ses bijoux sur internet.

Vient enfin la présentation d’une association « aide aux profs » qui assiste les enseignants souhaitant se reconvertir. Cette association a été crée par Rémi Boyer, qui est lui-même un prof reconverti dans l’édition.

Je ne sais pas s’il existe aussi des sites et associations qui viennent en aide aux professeurs en difficulté et les aide à affronter leurs problèmes de discipline : mais il me semble que serait aussi bien-venu.

A lire aussi sur ce blog :

• Enquête sur les rêves d’adultes. Et vous, que ferez vous quand vous serez grand ?

• Chasseurs de rêves : suite

• Rêves d’adultes : Quand je serai grand, je serai policier.

• Rêves d’ado.: Que vais-je faire de ma vie ?


3 commentaires »

  1. Jane dit :

    « Double vie » ? Ou bien « double métier pour vivre » et compléter des retraites qui seront minables après tant d’année de travail exigeant de plus en plus pénible et déconsidéré ?
    Donc s’il faut réfléchir au métier de professeur en Collège et Lycée, franchement, au lieu de démissionner après de longues années à encadrer des classes, je préfèrerais que soient proposées des facilités d’évolution professionnelle sur des critères de promotion – nomination autres que des diplômes et des notes pédagogiques discutables car trop rares, par exemple, sur des compétences didactiques – pédagogiques acquises au cours d’une longue carrière : formatrice, médiatrice culturelle, rédactrice de presse ou inspectrice. Car mes talents artistiques (dessin, peinture, mise en scène et jeu de scène) sont mon plaisir, font une partie de mes loisirs, sont destinés à ma famille et mes amis, ou encore réservés à certains cours pour mes élèves… faute de portes qui s’ouvrent dans les lieux d’animation culturelle (musées, ateliers théâtre ou cinéma). Selon moi, il s’agirait donc plutôt de multiplier à tous les âges de la vie les formations pratiques diverses et complémentaires visant à réaliser un projet collectif ou personnel ! Il s’agirait donc plutôt d’un suivi critique et d’un accompagnement pragmatique du projet.

  2. zab dit :

    En effet, préparer et réussir l’agrégation est un véritable défi.Forcément, la désillusion est grande quand on est alors confronté à des classes ingérables: en effet, les élèves qui s’y trouvent sont dans l’impossibilité de tirer profit des programmes de collège, comment leur faire aimer l’algèbre alors qu’ils savent à peine compter, comment imaginer possible qu’ils aiment et apprécient Molière alors qu’ils ont un bagage linguistique qui ne le leur permet pas de comprendre l’oeuvre. FORCEMENT, ils chahutent , agressent, hurlent, insultent, car leurs réponses ne peuvent être argumentées. Imaginez un instant qu’on vous impose à vous, adulte,de suivre tous les jours un enseignement comportant par exemple de la physique nucléaire, du calcul intégral, les textes de Rabelais en vieux françois, l’étude du hindi,des cours sur la pathologie du système endocrinien…. vous tiendriez longtemps??? Quelle serait votre attitude, si cela vous était imposé pendant 4 ans etplus, car forcément, à ce rythme là, on redouble…. Des programmes inadaptés, des professeurs traditionnels là où psychologues, éducateurs , travailleurs sociaux, enseignant de FLE seraient nécessaires pour être un tant soit peu efficaces. A bientôt 62 ans, je serai à la retraite, et je plains mes collègues qui en prennent encore pour 20 ans de réformes inefficaces, de remaniements stupides, et aussi qui subissent les critiques idiotes au sujet des vacances.Une tendance inquiétante se dessine: au concours du CAPES, il y a plus de postes en math que de candidats. Pas étonnant. En effet, qui voudra s’enquiquiner toute sa vie pendant 42 ans à subir vexations, récriminations, pressions, insultes pour un salaire de FIN DE CARRIERE d’environ 2500 € avec Bac+5 et concours ahurissants à la clef? Personne.

  3. Sue dit :

    Je ne sais pas si parmi vous il y a des S qui ont commente9s, mais je ouvrte comple8tement e9goefste l’attitude de tout ceux qui parle d’ annuler et repasser une e9preuve. Je crois que certains ne se rendent pas compte de ce que cela implique, cela fait plusieurs semaines que l’on re9vise dur pour avoir le bac, et il faudrait faire un doublon d’e9preuve pour tous nos gros coefficient?? La somme de stress, le de9ception de tout ce qui ont re9ussi les premie8res e9preuves, ce qui partent en vacances ou qui travail, tout cela parce qu’une toute petite quantite9 (s’il y en a eut 1000 c’est le bout du monde) d’e9le8ve a eut le sujet? Re9fle9chissez, en annulant c’est qui que vous pe9nalisez? Je suis en Terminale S SI et je peux vous dire que mon entourage (qui comprend s svt et s si) est particulie8rement de9e7u de voir le comportement de certaine personne qui dans l’histoire n’ont pas pense9 aux e9le8ves mais au buzz me9diatique.

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