Résolutions 2016

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Le 2 janvier 2016 par Jean-François Dortier

759x500xGoal-setting-small-759x500.jpg.pagespeed.ic.slsWHdoRxn« Une chose à la fois. On peut venir à bout de presque tout en faisant une chose à la fois » (Phil Klay, Fin de mission).

Hier matin, jour de l’an, il y avait peu de monde a courir sur les bords de l’Yonne. Ou étaient passés les coureurs ? Certains se reposaient après une longue nuit de réveillon. D’autres étaient partis vacances. Ceux que j’ai croisé et qui ont affronté l’épais brouillard et le froid se divisaient en deux catégories : 1) les mordus et 2) ceux qui ont pris résolutions.

• Les trois « mordus » étaient tous jeunes : d’abord un charmant couple, dans la trentaine et qui, au passage m’a lancé un sympathique « bonne année ». Un peu plus loin, un jeune homme en short (par ce froid !à); sa grande foulée m’a rappelé de lointain souvenirs et ce fait implacable: l’âge est une maladie incurable, irréversible et dégénérative.

• L’autre coureur appartenait à la communauté aussi large qu’éphémère de ceux qui prennent des résolutions. De loin, avec son collant noir, son haut de survêtement blanc et jaune et sa démarche pesante et déhanchée, j’ai cru voir un manchot sur la banquise…De plus près, il s’agissait d’une jeune femme disons, très très « enveloppée ». Pas de doute, elle venait de prendre une résolution. A moins qu’il ne s’agisse d’une « Clydesdale runner » (une nouvelle tendance aux E-U : celle des obèses qui courent tout en restant obèses). Vais-je la recroiser de nouveau l’an prochain, svelte et bondissante ? Je l’espère. Mais faut-il vraiment croire aux résolutions du nouvel an ?

L’autre jour, une amie m’a demandé des conseils à ce propos (considérant sans doute je suis le genre de type qui prend des résolutions et qui s’y tient). J’ai bêtement botté en touche : « mes résolutions 2016 : alcool + sexe + série télé + prière quotidienne du soir pour me faire pardonner ».

Après réflexion je dirais plutôt ceci. Les résolutions ne servent à rien. Du moins celles qui sont prises pour une année entière. Une année, c’est long comme un marathon. Le coureur de marathonien ne pense pas au 42 kilomètres, il doit faire 42 fois un kilomètre. Chaque kilomètre (à la fin chaque centaine de mètres) est un défi en soi : un défi ciblé, un horizon limité, une volonté propre, (« va jusqu’au virage ». « Allez encore, va jusqu’à l’arbre, là-bas »).

Une année, c’est 365 jours et 365 résolutions à prendre. Bien sûr qu’il faille bien fixer un cap au départ pour savoir où on veut aller. Mais ensuite, chaque jour est un nouveau défi. Il faut atteindre cet arbre, l’autre arbre, puis le virage.

Début janvier, pensez au but final. Mais ensuite pensez à l’arbre. C’est comme cela qu’on arrive au bout.


2 commentaires »

  1. Françoise Schenk dit :

    … ce qui me fait penser que pour appliquer le « une chose à la fois », il faut savoir « dévaluer » les autres. Or c’est cela qui est difficile: avoir « cette chose dans le collimateur » tout en mettant le reste de côté.
    Et ma longue familiarisation avec la neurophysiologie (je ne dis pas « neurosciences » pour éviter la prétention d’une rubrique qui prétend tout inclure) m’a amenée au constat suivant: ce qui est tellement satisfaisant dans le rush dopaminergique que l’on croit être le plaisir, c’est cette capacité de décider pour UN objectif (quel qu’il soit, voire qu’il soit centré sur soi-même). Plus précis que le « plaisir » dont on ne dit justement pas la tension enfin libérée. Encore une sorte d’abstraction (comme la douleur, la réponse placebo ou la curiosité) qui n’est justement pas directement matérielle.

  2. Jacques Van Rillaer dit :

    J’ai la conviction de l’efficacité de la formule de Jean-François Dortier : « Au départ, pense à l’arrivée, et ensuite, chaque jour, pense jusqu’à l’arbre ».
    En effet, il a réalisé une œuvre vraiment époustouflante : non seulement il porte, depuis 25 ans, la revue « Sciences Humaines », qui en est à 277e numéro (N° spécial 25 ans, qui présente un panorama du quart de siècle venant de s’écouler), mais il a publié de remarquables ouvrages de synthèse et des dictionnaires des sciences humaines.

    Je signale en passant que sa formule ne vaut pas seulement pour mettre en œuvre des comportements, mais également pour éliminer des réactions que l’on estime nuisibles. L’organisation des Alcooliques Anonymes a découvert son l’utilité : « Nous nous efforçons, chez les A. A., d’éviter les expressions comme “Je ne boirai plus” ou “Je m’engage à ne plus boire”. Elles nous rappelleraient trop nos défaites… Nous avons constaté qu’il était plus pratique et plus avantageux de déclarer : “Aujourd’hui, je ne bois pas”. Aurions-nous bu la veille que nous pourrions décider de ne pas boire le jour même. Il se pourrait que nous recommencions à boire le lendemain — nul ne sachant d’ailleurs si nous serions encore en vie — mais nous décidons de ne pas boire dans les vingt-quatre heures à venir. Quelles que soient les tentations ou les provocations, nous prenons la résolution de mettre tout en œuvre pour ne pas boire ce jour-là » (Alcoholics Anonymous, Living sober. New York : A. A. World Services, 1975. Trad., Vivre sobre. Éd. A. A. de Belgique, 1978.)

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