Mon dernier édito

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Le 21 novembre 2020 par Jean-François Dortier

Je signe mon dernier éditorial dans Sciences Humaines. Je quitte donc la direction de Sciences Humaines, (que j’ai créé, il y a plus de trente ans) pour une nouvelle aventure : l’humanologue.

Voici donc mon édito d’adieu :

Ma dernière sottise

« Si vous voulez faire rire Dieu, dites-lui que vous avez un projet. »

Cette formule rappelle combien l’être humain aime se compliquer la vie, se tendre lui-même des pièges et s’engager dans des entreprises dont l’issue peut être désastreuse. Bien que prévenu, je viens pourtant de m’embarquer dans un projet très aventureux. S’il existe, Dieu va sourire.

Voilà l’histoire. Après des décennies de bons et loyaux services consacrés à la vulgarisation des sciences humaines, je me suis mis en tête de consacrer ma troisième vie à la rédaction d’une « somme humanologique ». Une sorte d’encyclopédie sur les humains, leur vie, leurs mœurs, leur pensée, leurs origines et leur histoire. Concrètement, il s’agit d’un nouveau magazine/livre (on dit un mook) trimestriel consacré à l’étude des humains. Ce projet va évidemment m’occuper à plein temps et peut-être plus encore. Cette initiative a plusieurs conséquences : la première est de m’astreindre volontairement – car personne ne m’a rien demandé – à une tâche monumentale qui va enchaîner ma vie dans les prochaines années : quand on se lance dans la rédaction périodique, on doit en assumer les conséquences. Pauvre de moi ! Tant pis pour moi !

Ce qui implique aussi de quitter la direction de Sciences Humaines pour me consacrer à cette nouvelle folie. J’avais programmé ce moment depuis longtemps, et le temps est désormais venu. Depuis quelques mois, j’ai transmis le flambeau de la direction à Nadia Latrèche et Héloïse Lhérété, amies et collaboratrices hors pair, en qui j’ai toute confiance. Comme j’ai confiance dans la solide équipe qui les accompagne. À elles d’écrire les nouvelles pages de Sciences Humaines. À moi de m’effacer pour passer le relais. Du coup, cet éditorial sera mon dernier. Le hasard a voulu que le dossier soit consacré à la connerie : autant dire à toute la gamme des erreurs, bêtises et folies dont sont capables les humains. Signe du destin ou alerte ?

Quand on se lance dans un projet, nul ne sait ce qu’il va advenir. L’avenir est toujours ouvert, le résultat incertain. L’Humanologue sera-t-il une grande réussite ou un échec retentissant ? Ou quelque chose d’intermédiaire, une semi-réussite ou un semi-échec ? Il arrive que de vraies réussites se transforment en cauchemars. Votre projet est réalisé au-delà des espérances mais vous allez le payer au prix fort : le succès vous grise, vous abîme, vous enchaîne, vous éloigne de vos proches… « Il est deux tragédies dans la vie, l’une est de ne pas réaliser ses rêves ; la seconde est de les réaliser (Georges Bernard Shaw). »

Les grandes idées s’alimentent aux mêmes sources que les choix désastreux : l’histoire des techniques, de la politique, celle des idées et des créations de toutes sortes en fourmillent d’exemples. Entre une invention géniale et un échec technologique, entre un chef-d’œuvre littéraire et un roman raté, entre une réussite commerciale et un fiasco d’entreprise, il n’y a parfois qu’un fil. Ce qui peut apparaître de prime abord comme un choix lumineux peut s’avérer au final une catastrophe. Mais cela n’empêche pas de recommencer. C’est humain ! Voilà pourquoi je signe ici un dernier éditorial et cours aussitôt me brûler les ailes. »

Jean François Dortier

jf.dortier@l’humanologue.fr


Vous trouverez L’Humanologue en kiosques, en librairies et bien sûr sur le site de Sciences Humaines (scienceshumaines.fr).


5 commentaires »

  1. bon élan, j’admire et encourage!

  2. Chapouthier dit :

    Merci pour tant d’années fructueuses passées à Sciences Humaines et bon courage pour ce nouveau parcours !

  3. FREDERIC DE GLAS dit :

    Merci encore pour votre travail de créateur-directeur ; et bon courage dans votre nouveau chemin de principal associé.
    Signé : le Big Historien francophone qui garde précieusement votre dédicace au salon de livre d’il y a quelques années.

  4. MICHEL PIERRE ESCARTIN dit :

    difficile de prendre cette décision après la soixantaine
    Quel choix … mais bravo.

  5. Marie dit :

    Merci pour tout ! et bonne continuation à vous dans votre nouveau projet !

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