Les fourmis se droguent-elles ?

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Le 8 juin 2013 par Jean-François Dortier

Oui, elles ont même un dealer qui leur fournit la dope: il s’agit d’un insecte nommé lomechuse. (image ci-contre)

Ce coléoptère secrète sur son ventre une sorte de suc très attractif, au point que les fourmis en deviennent accros. Certaines finissent pas délaisser leur job – chercher de la nourriture, s’occuper des larves, nettoyer les galeries, s’attaquer aux intrus, bichonner la reine, etc.  Elles ne pensent plus qu’à se défoncer. Une fois complètement shootées, elles laissent même la lomechuse se repaître de leurs larves. Car le but de l’intruse est là : dépouiller les fourmis de leur larves. Et sa méthode : les droguer.

Cette triste histoire de drogue et de dealer au pays des insectes conduit à considérer le monde des fourmis sous un nouvel angle. Souvent présentées comme des êtres sans individualité et totalement asservies au « superorganisme » que représente la fourmilière, les fourmis possèdent bien une individualité qu’elles font prévaloir parfois. Dans certaines circonstances, elles savent s’émanciper du poids du groupe pour se consacrer à leur propre but égoïste : se défoncer au suc de loméchuse. Certes, la plupart du temps, les petites fourmis sont comme les cellules d’un organisme: sous l’emprise de consignes, stimulants et influences qui pèsent sur leur conduite. Mais que s’introduise un dealer dans leur habitat, et les bons petits soldats se laissent tomber leur conduites serviles pour se transformer en toxicos ayant perdu tout sens de la collectivité.


2 commentaires »

  1. Jacques Van Rillaer dit :

    Ravi de découvrir le pendant éthologique des expérimentations de James Olds et Peter Milner (université McGill). Cela convainc d’autant mieux que ce n’est pas seulement l’Homo sapiens qui peut se détruire par l’asservissement au plaisir immédiat.

    Rappel des expériences classiques de Olds & Milner.

    Des animaux se trouvent dans une boîte de Skinner, où le levier délivre, non de la nourriture comme dans le dispositif classique, mais des stimulations électriques dans une région sous-corticale, grâce aux microélectrodes qui y sont implantées. Chaque pression de l’animal sur le levier procure manifestement du plaisir. Les rats s’autostimulent sans arrêt, à un rythme d’environ 300 appuis par heure, et ne s’arrêtent que complètement épuisés. Leur temps de sommeil se réduit. Ils reprennent l’autostimulation dès qu’ils se réveillent. Quelques années plus tard, Olds a découvert des zones cérébrales dont la stimulation s’accompagne d’un rythme de pressions frénétique : environ 5000 par heure pendant 48 heures d’affilée. Après un jour de repos, les rats reprennent immédiatement au même rythme.
    Dans d’autres expériences, les rats se trouvent dans une cage disposant de deux leviers, l’un délivrant de la nourriture, l’autre des stimulations intracérébrales dans la région latérale de l’hypothalamus. Les animaux s’adonnent alors sans réserve à l’autostimulation jusqu’à épuisement complet, en négligeant de s’alimenter.

    Ceci dit, beaucoup de troubles psychologiques s’expliquent par l’évitement du déplaisir. Mais c’est une autre histoire.

  2. saloperie dit :

    MDR ! Des fourmis qui se défoncent !

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