Rêve de gloire…

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Le 7 janvier 2013 par Jean-François Dortier

J’ai fait cette nuit, ce rêve curieux. Je suis sur scène dans un grand amphitéâtre, devant un public nombreux. Les projecteurs sont braqués sur moi : je fais une conférence, debout a côté d’un écran géant où on projette les schémas de à mon exposé.

« Voyez vous, le monde et divisé en deux catégories d’êtres pensants : celui des dieux et celui des humains. Le monde des dieux, des anges, des démons, des âmes et esprits de toutes sortes. Ce monde est invisible et on ne sait même pas s’il existe.

 » Au dessous existe le monde des humains ».

  Dieux
Humains

 

Mon rêve continue :  » les humains peuvent être divisés à leur tour en deux catégories :  ceux qui font l’histoire – l’élite – et ceux qui la subissent : la masse ». Et je poursuis avec aplomb : « C’est élitiste. C’est Nietzschéen. Et c’est ainsi ! »

L’élite
Les masses

 

Je reprends, sentencieux :

 » L’élite se divise à son tour en deux catégories. Il y a ceux qui sont branchés sur l’au-delà; ils sont en quête de transcendance : ce sont les prêtres et chamanes en contact avec les esprits. Mais il y a aussi les savants (en quête de Vérité), les musiciens et artistes en général (en quête de Beauté: l’art est aussi une forme d’absolu); il y a les philosophies, les écrivains : tous ces gens ont soif de transcendance. Ces gens son des demi-dieux: il sont branchés sur l’au-delà ».

Elite

Demi-dieux. Prêtres (chamanes, saints, prophètes, etc.), scientifiques, philosophes, artistes, créateurs,

 

Puis il y a les hommes d’actions : les militaires, les inventeurs, les capitalines d’industrie, les explorateurs, les sportifs. Eux réalisent des exploits, transforment le monde, ébranlent le réel de leur volonté, fécondent la réalité de leur rêves. C’es l’autre visage de l’Elite: celle des surhommes.

 

Elite

Demi-dieux.Prêtres (chamanes, saints, prophètes, etc.), scientifiques, philosophes, artistes, créateurs, inventeurs Sur-hommes.Guerriers, sportifs, explorateurs, hommes politiques, capitaines d’industrie, héros en tout genre.

Je montre du doigt le tableau et je conclus : « Voilà en rassemblent ces deux catégories – demi-dieux et surhommes – on obtient l’Elite; ceux qui font l’Histoire » 

Je me redresse alors sur mes talons, avance d’un pas écarte les bras. Et je m’élance, solennel :

« Et regardez moi ! Moi qui suis un entrepreneur et un intellectuel, à la  fois chef d’entreprise et penseur. J’appartiens à la double sphère de l’élite : celle des idées et celle de l’action. Je fais partie des surhommes et des anges a la fois ! ».

Retour sur terre

A ce moment là, le visage d’un interlocuteur apparaît : c’est MC, ma belle… Le décor a changé. Elle est là, assise en face de moi. Mon rêve se cristallise dans un autre lieu. En fait, je ne parlais pas à une foule mais à ma femme. Nous sommes assis l’un en face à l’autre autour de la table de la cuisine, comme au soir du réveillon. On mange nos kebabs. Il y a une bouteille et un verre de vin devant moi. Sur le mur de la cuisine, peint en rouge, se trouve accrochée un ardoise, celle où l’on note les courses à faire. S’y trouve tracés à la crie blanche, les schémas de ma conférence.

On se regarde les yeux dans les yeux. Je la fixe et je comprends tout à coup ce qu’elle voit : en face d’elle, un type saoul en train de faire une grosse démonstration d’orgueil.

Elle me dit gentiment, en souriant.

« Bien sûr mon amour, tu es mon surhomme et mon dieu préféré. Mais Ben Laden aussi se considérait comme un saint, branché sur l’au-delà. Il se vouait aussi en guerrier, un homme d’action qui voulait changer le monde. Il voulait « Violer le réel » comme tu dis. ».

Moi, interloqué : « Tu me compares à Ben Laden ? 

– Mais non! Heureusement, il y a aussi tou un tas de gens, moins dangereux que lui, qui se prennent pour des génies, des saints, des guerriers, des grands hommes en puissance.  La plupart du temps, ils cachent leur rêve de gloire à leur entourage et ruminent seuls leur mégalomanie. Mais quand ils ont bu un verre de trop, l’inhibition saute; alors ils n’hésitent plus à révéler haut et fort leur délire intérieur.

Désarçonné, je la regarde :

– Tu penses que …

Sourire de sa part.

– Oui, mon amour, tu as trop bu.

A ce moment je me réveille, mal à l’aise. J’ai la bouche un peu pâteuse…

Je reprends conscience : heureusement, ce n’était qu’un rêve.

Personne n’en saura rien.

 


5 commentaires »

  1. Jacques Van Rillaer dit :

    Ce rêve illustre une idée devenue banale dans la France freudienne : le rêve exprime des désirs.
    Rappelons que Freud a basé sa conception sur celle de Wilhelm Griesinger, le psychiatre le plus représentatif du milieu du XIXe siècle. Il écrit dans “L’Interprétation des rêves” :
    «Griesinger (1861) a montré de façon lumineuse que l’accomplissement d’un désir est une caractéristique commune aux idées qui se dévoilent dans les rêves et dans les psychoses. Mes propres recherches m’ont appris que c’est la clé d’une théorie psychologique des rêves et des psychoses».
    Freud a malheureusement généralisé à outrance la thèse de Griesinger. Il devra faire une construction bien compliquée pour maintenir son affirmation dans le cas des cauchemars. (Moi-même je rêve régulièrement que je suis dans mon lit et que j’entends des cambrioleurs dans la maison ; ce n’est pas vraiment mon “Wunsch”).

    En tant que thérapeute comportementaliste, je me permets de souligner que des rêves traduisent parfois des désirs, mais qu’ils traduisent également des peurs, des angoisses, des dégoûts, des déceptions, des hostilités. Trop de gens s’inquiètent parce qu’ils pensent qu’un de leurs rêves trahit un désir refoulé.

    Il en va de même des idées intrusives (idées non désirées qui nous passent par la tête). Elles expriment parfois des désirs, mais aussi (sans doute même plus souvent) des craintes ou des répulsions.

  2. Didier M dit :

    Et comme ce rêve est trop beau, impossible de le garder pour soi. Donc nous voila informé de la mégalomanie de notre camarade. Désir ou crainte ?( cf. Comm. du dessus du mr comportementaliste).Sans doute un peu des deux. Mais restons humbles. L’Histoire ne nous laisse qu’un choix limité: Ben Laden ou Gérard Depardieu? Je passe mon tour. Philosophe ou artiste? Artiste. Barbare ou victime? Là ca se corse ( sans jeu de mot). Si je choisis d’être avec mes contemporains, barbare. Mais si je me mets à l’écoute du monde, victime. Heureusement ce n’est qu’un rêve et je me réveille la bouche pâteuse mais bien content d’être…retraité.

  3. Jacques Van Rillaer dit :

    Les propos de Didier offrent un exemple d’interprétation que ne ferait pas un comportementaliste, toujours soucieux de s’en tenir à des faits observables et de chercher des preuves tangibles dès qu’il avance une interprétation :

    “comme ce rêve est trop beau, impossible de le garder pour soi” :

    quelle preuve a-t-on que notre camarade était dans l’impossibilité de garder ce rêve pour lui ? Peut-être en a-t-il parlé parce qu’il lui fallait quelque chose d’amusant pour son blog et qu’il venait de lire un truc du genre. Et ceci n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Faute de nombreuses données sur ses comportements, nous ne pouvons, tout au plus, que formuler prudemment des hypothèses (des hypothèses “réfutables” bien sûr).

    Mais j’ose espérer que Didier faisait de l’humour et que les lecteurs de ce blog l’ont compris ainsi.

  4. Henri DURNERIN dit :

    une qualité manque chez le surhomme et demi-dieu réunis: l’humilité
    cela aurait permis un réveil moins douloureux

  5. http://naqoyqatsi.blog.lemonde.fr/ dit :

    Vous connaissez de grandes ambitions, des rêves démesurés – mais tout cela, le garçon de course ou la cousette les connaissent aussi, parce que tout le monde fait de rêves : ce qui nous distingue les uns des autres, c’est la force de les réaliser, ou la chance de les voire se réaliser pour nous. Seulement dans l’acte, dans l’histoire qui se fait – et sans majuscule -, dans la réalité qui n’est pas moi, l’on se différencie des autres. Dans notre âme, au fond, nous sommes semblables.

    À vous,

    http://naqoyqatsi.blog.lemonde.fr/

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