Faire le mort pour se protéger du danger

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Le 1 novembre 2011 par Jean-François Dortier

Face à une grave menace, les animaux réagissent soit en fuyant, soit en combattant. C’est le fameux dilemme flight or fight (fuir ou combattre). Il existe une troisième réaction : « faire le mort ». La peur intense provoque une paralysie qui fige l’animal sur place. Ainsi, une grande frayeur fait entrer les araignées en état de catalepsie durant plusieurs minutes. Des chercheurs brésiliens se sont demandé si les humains pouvaient aussi se figer et « faire le mort » face à un grave danger. Il semble que oui.
L’équipe d’Eliane Vochan pense avoir trouvé le premier procédé expérimental pour étudier le phénomène. On a fait écouter à 33 volontaires le récit d’un scène effrayante. Le récit leur était transmis sous forme d’une séquence audio d’une minute enregistrée par une voix masculine, et présentant la scène sous la forme suivante : « Vous êtes en train de rentrer à la maison, un homme apparaît soudain… » Les volontaires qui entendaient ces récits effrayants avec des écouteurs étaient filmés, tandis que leur rythme cardiaque était mesuré. Après l’expérience, on leur demandait ce qu’ils avaient ressenti. Les résultats montrent que la peur déclenche bien une réaction physiologique d’immobilité. Les participants qui se sont sentis paralysés par la peur s’étaient effectivement immobilisés, comme le confirme le film de leur réaction. « Nous avons montré expérimentalement que « faire le mort » est aussi une réaction humaine et qu’elle fait partie des réactions involontaires de défense face au danger », soulignent les chercheurs. Cet automatisme expliquerait aussi que certaines personnes agressées ou violées ne cherchent pas à se défendre. Cette absence de réaction interprétée comme un signe de consentement lors du procès aurait donc une toute autre signification : l’immobilisme appartiendrait au répertoire des réactions typiques des animaux face aux menaces extrêmes.
• « Is there tonic immobility in humans? Biological evidence from victims of traumatic stress ». E. Volchan et al. (2011). Biological Psychology, 88 (1), 13-19

2 commentaires »

  1. Avancer ou reculer ; ou dois-je faire le mort face à cette article, aussi ; tel est le cercle vicieux du chemin conscientisé ? !

  2. Metagora dit :

    Intéressant. Dans « La Nouvelle Grille » (1986), Henri Laborit en parlait déjà avec précision sous le terme d’ « inhibition de l’action ».

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