Le malheur est dans le pré

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Le 24 février 2011 par Jean-François Dortier

Pierre Priolet produisait des fruits et légumes en Provence, près d’Avignon. En novembre 2010, l’agriculteur a fait arracher tous ses pommiers et ses poiriers. Quelques caméras de télévision étaient présentes. Comment en est-il arrivé là ? L’agriculteur exploitait ses fruits à perte depuis deux ans. Dans son livre, Les fruits de la colère, il détaille les chiffres. Son exploitation produisait des pommes et des poires pour 0, 48 euros le kilos. Les distributeurs lui achetaient entre r 0, 27 à 0, 48 le kilo. Au mieux, il rentrait dans ses frais sans toucher aucun revenu. Au pire il perdait de l’argent, continuait à s’endetter, s’enfonçait chaque mois un peu plus. Finalement, il s’est mis en faillite.

Le livre de P.P. est un cri de détresse. Il y a quelques mois, P. Priolet avait décroché son téléphone pour témoigner lors d’une émission de radio. Et il s’était mis a pleuré en direct.

Dans son Les fruits de la colère, Pierre Priolet décrit dans quelles conditions travaillent les exploitants comme lui : le système infernal et absurde qui conduit des milliers d’agriculteurs – producteurs de fruits, de légumes, de lait ou de viande – à devoir travailler, sans aucune marge, sans aucun revenus. Il raconte comment on en est venu là :  la concurrence farouche (de l’Espagne, d’Argentine et même de la Chine) qui produisent pour beaucoup moins cher : car la main d’oeuvre est moins cher, parce qu’ils ne sont pas soumis aux normes d’exploitation. Il Les coûts de plus en plus élevés des charges d’exploitation, des machines, des produits phytosanitaires. Il s’en prend surtout à la grande distribution : des « prédateurs » qui impose des prix de plus en plus bas.

Le livre de P. Priolet est poignant. L’étau dans lequel il se trouve, lui et d’autres agriculteurs n’est pas ne se résume pas à un problème économique : il exprime aussi l’immense détresse morale d’une profession: l’angoisse du lendemain, (l’endettement, le crainte de la faillite), la honte (de devoir abandonner des terres cultivées par les parents et grands parents), la colère (contre les grandes surface, les banques qui ne veulent plus suivre), l’impuissance, l’humiliation et la solitude.

L’autre jour, sur le plateau de Canal + P. Priolet est venu témoigné. Il y a avait à ses côtés le ministre de l’agriculture, Bruno Lemaire, et François-Régis Lenoir, psychologue en milieu rural. Ce dernier a évoqué le nombre de suicides (trois fois plus élevés que dans la moyenne nationale).

Oui, décidément : le malheur est dans le pré.


1 commentaire »

  1. Chapouthier dit :

    Quelle tristesse !

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