Michel Galabru, le Taj Mahal et la nature humaine

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Le 9 janvier 2016 par Jean-François Dortier

A l’occasion de la disparition de Michel Galabru (le meilleur hommage est encore le tweet de Johnny Hallyday : « Je l’amais. Tout le monde l’aimait! ») Radio classique a rediffusé un grand entretien avec l’acteur. J’étais en voiture et ai allumé l’auto-radio au moment où Michel Galabru répondait à une question d’Olivier Belami:  » A votre avis pourquoi des œuvres comme Carmen ou la femme du boulanger nous touchent encore ? »

De sa grosse voix si caractéristique, il a répondu :  » Ah, mais voilà ! (vous entendez sa voix ?) les auteurs de génie sont ceux qui touchent le cœur de l’homme universel. Qu’il soit écrivain, cinéaste, poète, architecte et même chanteur. Si une œuvre traverse le temps c’est qu’elle touche à la nature humaine la plus universelle ».

S’il existe quelque chose comme la « nature humaine » (personnellement je le crois) , voilà donc une belle façon d’en cerner les contours : partir des œuvres immortelles, celles qui touchent le cœur de tout le monde. A travers de grandes oeuvres, on pourrait cerner certains traits de la nature humaine: les émotions et des valeurs communes à tous les humains. C’est une belle idée. Si on essayait ?

Le Tahaj Mahal : amour et beauté éternels.

Le Tahaj Mahal donne accès à deux émotions humaines éternelles : l’amour et la beauté. (Attention: je ne prétend pas que l’amour soit universel – il en existe mille formes – mais qu’il y a quelques chose d’universel dans l’amour. Je ne dis pas que le beau est universel, mais que certains type de beauté sont l’universelles).

La beauté tout d’abord. L’empreur moghol Shah Jahan (1592-1666) fit construire ce monument, sans constate l’un des plus beaux au monde, en mémoire de son épouse. On peut discuter sans fin de ce qu’est le beau, des goûts et des couleurs, de l’universel en art, etc. Le Tahal Mahal met fin à tout débat; il clos à lui seul la question. Il atteint le sublime : un sublime qui s’impose à tous, sans discussion. Sa capacité à traverser le temps, (4 siècles), les cultures (celle d’une civilisation indo-mulsulmane qui nous est bien étrangère). et de nous fasciner toujours, montre que certaines émotions peuvent traverser les frontières de l’histoire et des sociétés pour toucher l’âme humaine. On vient des quatre coins du monde – du Japon, de Chine, d’Amérique ou d’Europe pour le contempler. Et par delà les langues et les cultures, on ne peut que se taire et constater sa beauté.  Il donne l’exemple du génie dont parlait Galabru : il touche à quelque chose d’universel.

Une histoire d’amour. 

L’histoire du Taj Mahal nous conduit à un autre forme d’émotion universelle : l’amour romantique. Le Tahaj Mahal est un tombeau. L’empereur le fit construire en hommage à sa femme, bien aimée, morte en donnant naissance à leur 9ème enfant. Il voulu pour elle que l’architecte construisit un monument éternel, à la grandeur de son chagrin.

De tout temps, les rois, les princes, les empereur ont fait construire des palais à leur propre gloire, pas pour la mémoire de leur femme. Ce geste d’amour, follement romantique et tragique nous touche encore. Même à l’ère de Meetic , de Youporn, du sexy friend et de l’union libre, cette tragédie amoureuse peut encore nous émouvoir. Tout devrait nous séparer de ce monde : le temps, l’espace, la civilisation. Et pourtant cette beauté là et cet  amour là nous touche encore. Signe qu’il y a bien quelque chose d’universel dans la nature humaine.


1 commentaire »

  1. Libéro dit :

     » Quelque chose d’universel dans la nature humaine  » ? Peut-être le désir (besoin psychique) de se sentir agréablement exister sans préjudice à autrui. L’évolution a ajouté la culture à notre nature. L’art ? L’apaisement relationnel dans le partage de quelque chose n’impliquant pas de lourds enjeux de pouvoirs. La  » Bataille d’Hernani  » n’a égorgé personne.

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